Dans cette troisième édition des Data Centre Titans, nous nous entretenons avec Holland Barry, Field CTO de Cyxtera, qui nous partage son expérience dans le secteur des technologies de l'information, depuis les débuts de l'informatique personnelle jusqu'à la frontière mouvante des data centres d'IA.

Holland Barry se livre également sur le chemin qu'il a parcouru, de la création d'une société de conseil en informatique avec son frère aîné à la mise en place de data centres à approvisionnement instantané.

Data Centre Titans continue à mettre en lumière les connaissances et les expériences des fers de lance du secteur en constante évolution des data centres.

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Pouvez-vous nous raconter brièvement votre parcours jusqu’à votre poste actuel ?

Mon parcours dans l'industrie technologique a connu une genèse intéressante. Lorsque j'étais au lycée, mon frère aîné travaillait dans une banque locale en tant qu'administrateur système. Il rapportait alors des ordinateurs géants à la maison pour les assembler ou pour charger un système d'exploitation. Il sollicitait mon aide. Même si certaines tâches comme le chargement de 86 disquettes pour une installation étaient parfois fastidieuses, je trouvais tout cela fascinant.

Je faisais partie de la génération qui a assisté à la création du premier ordinateur personnel et aux débuts d'Internet, et je voulais absolument démonter toute cette technologie et comprendre comment elle fonctionnait.

Quelques années plus tard, mon frère et moi avons créé notre propre société de conseil en informatique. Nous avions une cinquantaine de clients. Nous avons fini par vendre cette entreprise, mais je suis resté dans le domaine de la technologie.

Au fil des années, j'ai occupé divers postes de direction dans des start-ups, des petites entreprises et de grandes sociétés comme Dell.

J'ai rejoint Cyxtera à la suite de l'acquisition d'une société de cybersécurité où j’occupais le poste de Chief Technical Officer (CTO). Mon rôle a évolué en même temps que les activités de Cyxtera, puisque je suis passé de la direction d'initiatives cybernétiques à une réflexion sur la manière dont les services de colocalisation et l'infrastructure numérique pouvaient répondre aux besoins de nos clients. C'était comme un retour à la maison, car j'avais passé la majeure partie de ma carrière dans le domaine des réseaux et de l'infrastructure.

Cyxtera est un fournisseur mondial de data centres, qui propose des services de colocalisation, d'interconnexion et d'infrastructure numérique. Ma mission en tant que Field CTO de Cyxtera consiste à faire comprendre à nos clients et partenaires en quoi nos solutions peuvent aider leur entreprise, et à sélectionner les technologies, les partenariats et les architectures qui correspondent le mieux à leurs besoins en constante évolution.

Comme nos data centres comptent un large éventail de clients et de partenaires, je dois également jouer le rôle de porte-parole de l'entreprise et de traducteur en chef, capable de vulgariser les informations techniques.

Selon vous, comment l'IA façonnera-t-elle les futurs data centres ?

Comme ces charges de travail à haute densité augmentent les besoins en énergie, les data centres devront évoluer en tirant parti de nouvelles technologies comme le refroidissement liquide, car le refroidissement par air devient de moins en moins viable.

Plus généralement, l'IA va modifier la quasi-totalité des aspects du fonctionnement des data centres et des activités qui s'y déroulent. Si tout se passe bien, le data centre sera plus efficace, plus sûr, plus performant et nettement plus facile d’utilisation.

Je vois l'IA comme un exosquelette. Elle ne remplace pas complètement les humains, mais elle peut leur permettre de gagner en efficacité.

Par exemple, il existe de nombreux systèmes de contrôle de la température, de l'humidité, du refroidissement, de la distribution d'énergie, de l'équilibrage du réseau, etc. L'IA nous permet de repérer des schémas et de déclencher des alertes lorsque certains seuils sont dépassés, en déclenchant une réponse automatisée et/ou en alertant l'équipe sur place pour qu'elle effectue le travail manuel nécessaire lorsque ces éléments ne sont pas en parfait équilibre.

L'IA nous permettra, à terme, de déterminer à tout moment la configuration optimale des data centres et de procéder à des ajustements immédiats. En procédant à ces micro-ajustements, nous pourrons nous rapprocher d'un ensemble de conditions optimales, en améliorant l'efficacité des bâtiments et en contribuant, à terme, à la réalisation des objectifs de développement durable.

Ces systèmes permettront aux équipes sur place d’être plus efficaces dans leur travail. L'IA peut faire un bon travail de détection et de réglage, mais il faudra toujours un humain pour tirer un câble, extraire un lecteur, réparer un trou dans le système CVC, etc.

En outre, les gains d'efficacité réalisés grâce à l'IA permettront aux équipes chargées de l'exploitation des data centres de consacrer une plus grande partie de leur temps à l'innovation et à la satisfaction des besoins de leurs clients.

Quel est le principal défi auquel vous avez été confronté au cours de votre carrière et comment l'avez-vous relevé ?

Deux grands défis me viennent à l’esprit.

Le premier, c’est lorsque mon frère a décidé de quitter notre société de conseil en informatique. J’avais 18 ans et la perspective de diriger l’entreprise tout seul était intimidante et intenable. Le fait l'arrêter et de passer à autre chose a été l'une des décisions les plus difficiles de ma vie, même si je ne m'en rendais pas vraiment compte à l'époque.

Le deuxième grand défi s'est présenté quelques années plus tard. Je travaillais depuis plus de dix ans chez un fabricant d'électronique. Je gagnais bien ma vie, j'étais à l'aise dans mon travail et j'aurais probablement pu y rester jusqu'à la fin de ma carrière. Mais je savais qu’il me manquait quelque chose.

Me rendre compte de cela et choisir de quitter cette zone de confort pour explorer quelque chose d'autre alors que rien ne m'y obligeait a été une décision majeure. Ce fut un tournant dans ma carrière, mais à l'époque, j'ai eu l'impression d'être à un carrefour difficile.

Quelle est la chose qui a le plus influencé votre vie professionnelle dans le secteur des data centres ?

L’équipe fondatrice de Cyxtera m’a énormément influencé. Elle a créé cette entreprise avec une vision qui me correspondait. Elle souhaitait rendre le data centre plus facile d’utilisation et s’était engagée à investir dans la recherche et le développement afin de générer des solutions qui changeraient la donne pour nos clients.

Par exemple, quelques mois après la prise de mes fonctions, nous voulions mettre en place un laboratoire d'essai et avions besoin de connexions Internet. En règle générale, il fallait 75 jours pour mettre en ligne un nouveau circuit Internet. Mais dans le cas présent, nous devions permettre à nos clients de bénéficier d’un approvisionnement instantané, ce que nous avons fait. Nous estimions qu'il fallait pouvoir en faire de même pour l'informatique, le stockage et toutes les autres technologies permettant aux entreprises de se connecter dans le cadre de la colocalisation.

C’était la vision. Et c'est cette vision qui m’a inspiré à apprendre le plus possible. C'est la raison pour laquelle je travaille encore aujourd'hui avec bon nombre de ces mêmes fondateurs.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui débute dans le secteur des data centres ?

Traditionnellement, les professionnels des data centres se concentrent sur les éléments tangibles (racks, équipements, matériel de réseau, etc.), car cela constitue le cœur de l'activité. Je ne pense pas que beaucoup d’entre eux se préoccupent des applications et des charges de travail que les clients exécutent réellement dans le data centre.

Mon conseil à quelqu'un qui débute dans ce secteur : cherchez à comprendre la situation dans son ensemble.

Familiarisez-vous avec les raisons pour lesquelles une application est exécutée dans le data centre, dans le cloud public ou en périphérie, et comprenez comment ces éléments doivent fonctionner ensemble dans un environnement hybride. Cela vous permettra d'avoir des discussions plus constructives avec les clients et les prospects, parce que vous comprenez ce qu'ils cherchent à réaliser - et comment vous pouvez les aider à atteindre leurs objectifs.

Pourriez-vous nous faire part d'une citation qui vous inspire dans votre rôle de dirigeant ou qui vous rend plus performant dans votre travail ?

C'est une citation d’Henry Ford qui me vient en tête : « Que vous pensiez pouvoir le faire ou non, vous avez raison. »

Il évoque le pouvoir de l’esprit. Si vous avez confiance en vous, vous pouvez accomplir de grandes choses. À l’inverse, vous pouvez aussi être votre propre facteur limitant. Le pouvoir est entre vos mains.